Aux États-Unis, le mois de mai est le mois de la sensibilisation à la santé mentale. Demons Begone est une peinture qui parle de mes propres luttes avec le trouble bipolaire, une maladie que j'ai diagnostiquée en 2010 mais dont j'ai souffert bien avant. Cette peinture est une allégorie parfaite de ma dépression et de ma manie, des couches d'épisodes psychotiques superposées pour créer un enregistrement confus des jours perdus dans le désespoir et l'euphorie. Dans la plupart de mes travaux, je fais preuve de prudence en construisant ces couches lentement, car plus les couches sont lourdes, moins j'ai de contrôle sur l'œuvre d'art. J'ai perdu le contrôle de cette peinture très rapidement, après que les lourdes couches de peinture que j'ai fait glisser sur la surface de la toile avec le grand outil en plexiglas que j'utilise n'ont pas présenté les couches finales que je pensais qu'elles présenteraient. En travaillant de cette manière, je planifie soigneusement pour produire des résultats chaotiques et aléatoires que je prévois mais dont je ne sais pas vraiment quel type de marque ils laisseront en fin de compte. Dans le cas présent, il avait fait à peu près tout ce que je ne voulais pas qu'il se produise. C'est ainsi qu'a commencé ma longue lutte pour me rétablir, ce qui est également symptomatique de ma maladie mentale. Voici un long exorcisme de la couleur et de la forme. Je me tiens dans mon atelier en disant des neuvaines et en traversant la toile avec l'outil qui me permet d'être un instrument pour mon art en vertu des pilules que je prends et d'une puissance universelle bienveillante qui regarde par-dessus mon épaule. Pour exorciser un démon, il faut de l'endurance mais la force ne sert à rien. Il faut l'attacher dans un nœud coloré dont il ne se rend compte qu'il s'agit d'une laisse que lorsqu'il est trop tard. Pour contrôler mon art, ma chimie, mes démons, j'ai besoin de cette corde divine pour lier et conduire et attacher l'autre extrémité autour de mes mains afin que je puisse les faire apparaître. Je m'arrête à l'endroit où, riant et pleurant, ils se transforment en fantômes gelés, en formes sculptées d'entropie imprimées dans l'éther.