Kateryna Ivonina

Dans ma pratique artistique, je donne vie à des questions "éternelles", qui sont contextualisées dans les circonstances culturelles actuelles et dans le cadre de mon expérience personnelle. Je m'intéresse à la forme, à la figure et à l'acte d'auto-identification, à la conscience de soi de l'espèce h...

Dans ma pratique artistique, je donne vie à des questions "éternelles", qui sont contextualisées dans les circonstances culturelles actuelles et dans le cadre de mon expérience personnelle. Je m'intéresse à la forme, à la figure et à l'acte d'auto-identification, à la conscience de soi de l'espèce humaine dans son ensemble et de l'être pensant individuel. L'identité est une entité fondamentalement discutable qui, d'un point de vue corrélationniste et cartésien, ressemble à une énigme insoluble. C'est pourquoi, en tant qu'artiste, je me tourne vers la logique du phénoménologue et cherche à découvrir les caractéristiques de l'identité humaine dans le reflet de l'optique à travers laquelle nous regardons le monde des choses et des phénomènes. L'anthropomorphisation des formes de vie non humaines, la narrativisation de ce que nous voyons, est toujours une expérience de distorsion, un signe d'anthropocentrisme aveugle. Mais en déconstruisant cette expérience, nous pouvons trouver une réponse à la question de savoir qui nous sommes à travers nos intentions, nos projections, nos souvenirs et nos illusions. C'est l'optique qui est particulièrement importante pour moi en tant qu'artiste. Je crée mes œuvres au niveau du regard, de la perception - tangible et intangible à la fois, toujours quelque part entre les deux, à mi-chemin, à la fois corporel et imaginaire, réel et illusoire, abstrait et figuratif.

Voici la logique de base qui sous-tend ma pratique artistique : la nature influence l'être humain, son pouvoir créatif et sa capacité de conscience de soi. L'homme, à son tour, étant sous cette influence, observe et interprète la nature. Ainsi, les transformations et les interprétations des formes naturelles dans les pratiques créatives et scientifiques de l'homme sont à la fois la source et la conséquence de cette interaction qui est inscrite dans notre génome et qui germe dans notre culture. Elle change de forme et de contenu, mais reste fidèle à ce modèle double et équilibré de perception et d'influence. Cette structure est déroutante et déconcertante. Je travaille avec la sémiotique visuelle et l'utilise comme un système de navigation - une construction complexe, à plusieurs niveaux, de l'univers visible et assemblé, comme si elle avait été reconstruite par les humains à partir d'éléments de la tradition, de la mémoire ancestrale, de symboles, d'avatars et de fragments de grands et petits récits, de souvenirs et de "coups d'œil" sur l'avenir.
J'y trouve l'occasion de disperser, de déconstruire la culture visuelle en tant que corps métaphorique qui influence et en même temps est influencé par les êtres humains et la nature dans cette construction en mosaïque du résumé de la perception exprimée en symboles, signes, codes.