Dror Maayan

Mon art est mon mode de vie, mon identité et ma langue maternelle.

Toutes mes œuvres sont des photographies originales réalisées à l'aide de diverses techniques alternatives du XIXe siècle, dont certaines ont été modifiées et modernisées. J'utilise certains des négatifs pour les imprimer sur pap...

Mon art est mon mode de vie, mon identité et ma langue maternelle.

Toutes mes œuvres sont des photographies originales réalisées à l'aide de diverses techniques alternatives du XIXe siècle, dont certaines ont été modifiées et modernisées. J'utilise certains des négatifs pour les imprimer sur papier en utilisant à la fois des méthodes du XIXe siècle (impression au sel, albumine et cyanotype) et des techniques analogiques plus modernes à l'aide d'un agrandisseur professionnel. Je travaille ensuite sur certaines des photographies avec des couleurs, de l'or ou des produits chimiques pour en faire des œuvres d'art uniques.

Toutes ces anciennes techniques photographiques sont physiques et sensorielles, elles font appel à l'ensemble de l'individu pour ne faire qu'un avec le monde qui l'entoure, le monde matériel réel. Le sentir, le toucher. Ne faire qu'un avec lui. Explorer la matière, les textures, les sens humains, la lumière et l'obscurité. Sans fin. C'est cette précision sisyphéenne dans la mise en scène de la composition ou sa reconnaissance sur le terrain, en se concentrant sur chaque petit détail. C'est cette odeur, ce toucher, cette saleté, ce mélange magique de différents produits chimiques et ce moment miraculeux où l'image émerge enfin, parfois surprenante et puissante parce qu'elle n'est pas parfaite. Je photographie avec d'authentiques appareils photo anciens en bois, des appareils lourds, des œuvres d'art en soi. Ces reliques reviennent à la vie dans mon studio, faisant écho à leurs anciennes vies et à leurs maîtres. À travers leurs objectifs, le passé et le présent, comme des mondes parallèles, se fondent dans de nouveaux cadres, mes cadres.

Parmi toute la variété des techniques, j'ai surtout adopté le Niepceotype/ Hyalotype, l'une des techniques photographiques les plus anciennes et les plus rares, inventée dans les années 1840. Je suis le seul au monde à créer avec cette technique rare, selon le professeur Mark Osterman (GEM, Rochester, NY), qui a initié ma passion pour cette technique. Ces dernières années, je me suis plongé dans des recherches visant à repousser les limites du procédé original du Niepceotype et à l'utiliser comme positif direct sur métal (une application qui n'a jamais été faite au 19e siècle). Après des mois d'expériences, j'ai réussi à augmenter la vitesse de la technique originale de l'albumine, l'égalant presque au temps d'exposition du collodion humide. Ainsi, le principal obstacle de la technique originale est résolu, ce qui me permet de créer des portraits. Je trouve la technique du Niepceotype (avec mes améliorations) hautement potentielle et gratifiante puisqu'il s'agit d'une technique sèche (pas besoin de chambre noire portable et de développement in-situ). Sa beauté unique et la très haute qualité de ses détails sont impressionnantes.

Les techniques photographiques du 19e siècle sont une plateforme, un point de départ, mais je ne cherche pas à faire revivre les anciennes techniques du passé. Je continue à travailler sur les plaques, à les manipuler à la main, avec de la peinture et des produits chimiques, avec un stylo, avec une pointe acérée, créant parfois une tension entre la photographie originale et la touche artistique. Il ne s'agit pas de reproductions du monde réel, mais d'une image intégrative constituée de plusieurs couches dont l'interaction reflète l'impression que j'en ai.

Mon objectif est de raconter mes propres histoires en poursuivant et en fusionnant l'ancien et le nouveau, en brouillant la frontière entre la photographie et la peinture, en convertissant une technique ancienne en un travail artistique contemporain et actuel.

Mes sujets sont variés : des portraits et des nus aux natures mortes imaginatives, en passant par les paysages et les panoramas. Je travaille toujours en série. Je ne crois pas en une seule belle image parfaite. Je pense que la force de la beauté de chaque cadre réside dans son imperfection. Il est impossible de réaliser deux copies identiques faites à la main. L'imperfection fait partie du processus, mais aussi de la vie, du moi unique. Il s'agit toujours d'explorer, de raconter une histoire, d'entreprendre un voyage personnel, de faire une découverte intime. Échouer ou réussir. C'est toujours mon voyage.